Les chrétiens d’Irak prient pour la guérison du pape

“Nous prions pour sa Sainteté, le pape, qui est à l’hôpital”, dit l’évêque Andraos Abouna, en s’adressant aux fidèles rassemblés par cette matinée pluvieuse dans l’église de l’Assomption du quartier Mansour dans l’ouest de Bagdad.

“Nous prions pour sa guérison, lui qui s’est sacrifié pour l’humanitéet qui a fait face à tous les défis en chrétien croyant”, ajoute l’adjoint du patriarche Emmanuel Delly, chef de l’Eglise chaldéenne en Irak.

Selon Mgr Abouna, le patriarche Delly a demandé à toutes les églises du pays de dédier la messe de vendredi pour la guérison de Jean Paul II.

Les têtes se penchent, les fidèles psalmodient les prières. Une centaine de chrétiens se pressent sur les bancs en bois. Les femmes en noir ont les cheveux recouvert d’un voile de dentelle fine, les hommes ont le visage fermé.

Ils sont venus pour prier pour le pape, hospitalisé à Rome depuis mardi, mais aussi pour le repos de l’âme de leurs morts.

“Le pape est alité. Nous prions pour lui, comme pour le repos de nos défunts”, poursuit le prêtre, drapé dans sa cape violette, la voix recouverte par les pleurs d’une femme dans l’assistance.

“Je souhaite au pape une guérison rapide et la santé pour qu’il guide le peuple chrétien vers la paix”, dit Adnane Yaacoub, qui assiste à la messe avec son épouse et ses filles.

“Du temps de Saddam Hussein, il a voulu visiter l’Irak mais la situation ne le lui avait pas permis. Nous souhaitons qu’il se remette vite pour venir et nous procurer la joie de le voir”, ajoute ce sexagénaire.

Fin 1999, Jean Paul II avait voulu visiter la ville chaldéenne d’Ur (sud de l’Irak), qui est selon la tradition l’endroit où Dieu parla pour la première fois à Abraham. Mais Washington et Londres s’étaient opposés à son projet de crainte que la visite ne serve qu’à renforcer le régime de Saddam Hussein.

La question de la sécurité avait également été soulevée, Ur se trouvant à l’époque dans la zone d’exclusion aérienne, instaurée en 1992 par les Alliés occidentaux.

Représentant environ 3% d’une population de 27 millions d’Irakiens, la communauté chrétienne se divise en deux grands courants: les Chaldéens (catholiques) majoritaires et les Assyriens (nestoriens). Elle est présente à Bagdad, dans la région de Mossoul (nord), au Kurdistan et un peu à Bassorah (sud).

“Hier, nous avons su que cette messe serait spéciale pour le pape. Comme il a toujours prié pour nous, nous sommes venus prier pour lui”, dit Hanaa Yaacoub.

L’Irak revient constamment dans les appels de Jean Paul II à éteindre les foyers de tension dans le monde.

“Le pape est le seul parmi les dirigeants du monde à avoir soutenu le peuple irakien contre la guerre (l’invasion du pays en mars 2003) et contre l’embargo”, imposé pendant 13 ans par la communauté internationale à l’Irak de Saddam Hussein, affirme Mgr Abouna.

“Malgré toutes les pressions auxquelles il a été soumis, il est resté ferme dans son soutien aux Irakiens”, ajoute le dignitaire religieux.

Le cardinal secrétaire d’Etat du Vatican, Mgr Angelo Sodano, a salué dimanche la tenue des élections en Irak comme un “signe de la maturité de ce peuple” et émis le souhait que “ce scrutin puisse signifier un avenir de paix”.

Plusieurs listes irakiennes se sont présentées à ce premier scrutin multipartite depuis 50 ans.

 G